Sortir de la noirceur
Début des années 2000 : moi, Mélanie, suis au top de ma game: mère de famille comblée, travaille comme cadre chez Radio-Canada, fait des études universitaires à temps-plein et vient de m'acheter ma première maison. En couple depuis des années avec un amour d'adolescence, ma vie semble parfaite, du moins, d'un regard extérieur.
2007 : tout s'est écroulé dans les trois dernières années. La maladie physique s'est installée par la grande porte, ce qui m'a fait perdre mon poste de cadre. J'ai dû arrêter mes études à cause de la médication et, cerise sur le sundae, je me suis séparée en 2007. Pourquoi m'être séparée? Car je ne pouvais plus endurer la violence verbale et physique que je vivais avec mon conjoint. Cette séparation m'a fait perdre ma maison, mais m'a surtout coûté ce que j'avais de plus au cher au monde : la garde de mes 3 enfants.
J'étais en mille morceaux et je ne tenais plus qu'avec de la ficelle ! Mon monde s'était écroulé, anéanti. C'est là que je me suis mise à broyer du noir, la vie n'avait plus de sens. Je ne voyais aucune raison de me lever encore moins d'exister. Je me détestais et je détestais encore plus les autres. On m'a forcée à consulter, ce qui m'a menée à un diagnostic de dépression majeure. Cette dépression a duré des années. Je suis tombée creux, très bas. J'ai tenté de me suicider, et j'en ai voulu longtemps à l'équipe médicale de m'avoir sauvé. Durant cette période, on m'a traité de toutes les manières, des encouragements aux menaces. J'en ai en-tendu des bonnes a mon sujet tel que : « Oublie pas ta médication, tu pourrais être dangereuse ! » ou encore « Tu veux pleurer, c'est à cause de ta maladie, retourne chez toi et on se parlera un autre jour ». C'est allé jusqu'à : « Si tu ne te reprends pas en main, je vais devoir couper les ponts avec toi...»
Durant ma grande dépression, j'ai quand même été chanceuse d'avoir du soutien. C'était un petit réseau de soutien, mais il était constant. Mes parents ont toujours été la pour m'aider avec les enfants et étaient là pour moi à leur manière. On n’avait pas la meilleure relation, mais pour les enfants, c’était génial ! Et il y a ma meilleure amie, qui m'a supportée, acceptée et aimée peu importe l'état dans lequel je me trouvais.
Début 2015 : Mélanie est fatiguée de vivre dans cette noirceur. J'ai alors décidé d'entreprendre des démarches qui m'ont menée à la Mai-son du Goéland, organisme communautaire en Montérégie. De là, j'ai reçu de l'aide d'une intervenante sociale, j'ai participé à des groupes de soutien et j'ai commencé à faire du bénévolat. On a créé Les Repor-ters, ce qui m'a permis de sortir de ma noirceur en très peu de temps, car je constate aujourd'hui que j'étais très isolée et que j'avais un grand besoin de socialiser.
Aujourd’hui, je me sens bien dans ma peau. Je connais mes limites physiques et mentales. Et j'essaie de les respecter le plus possible. Je continue à faire du bénévolat, c'est comme un travail pour moi, ça me valorise autant. J'ai vaincu ma dépression mais je sais que je ne suis pas à l'abri d'une autre. Personne n’est à l'abri. Prenez soin de votre santé, physique comme mentale.
Une citoyenne de la Montérégie